Comme coach, comme mentore et formatrice de coachs, cette question sur les distinctions entre coaching et mentorat m'est souvent posée. Ce mois du mentorat est une occasion d’écrire à ce sujet.
Je souligne d’abord qu’il y a des débats autour de cette question. Il y a encore des guerres de clocher sur un « marché » de l’accompagnement à savoir qui devrait faire quoi. Pour éviter de perdre de l'énergie dans ces conflits, je me préoccupe plutôt de bien définir opérationnellement la pratique qui est sollicitée dans l’instant et contractuellement.
Je rapporte dans ce qui suit quelques définitions opérationnelles du mentorat et du coaching puis j’explique comment personnellement, j’use de mentorat et de coaching dans ma pratique.
Le mentorat
Mentorat Québec, définit comme suit le mentorat. Cette définition s’avère une définition opérationnelle adaptée à la mission de cet organisme valorisant l’accès à un support développemental gratuit et la relation mentor-protégé dans des contextes de mentorat formel ou informel.
« Le mentorat est un moyen de développement et d’apprentissage, basé sur une relation interpersonnelle (la relation mentorale) volontaire, gratuite et confidentielle, dans laquelle une personne d’expérience (le mentor) investit sa sagesse acquise et son expertise pour favoriser le développement d’une autre personne (le mentoré) qui a des compétences et des habiletés à acquérir et des objectifs professionnels et personnels à atteindre. »[i]
L’European Mentoring & Coaching Council (EMCC), qui promeut la qualité du mentorat et du coaching en Europe, pour sa part, fait état de deux écoles de pensées sur le mentorat et le coaching. Cet organisme se positionne de façon nuancée et inclusive par rapport à celles-ci. Au sein de la première tendance, le mentorat est vu directif et le coaching lui, vu non directif. Au sein de la seconde tendance, il est perçu que coaching et mentorat « devraient être non directifs (et sont basés sur des compétences de coaching), mais diffèrent dans le niveau de connaissances pertinentes et la volonté de contextualiser et de partager cette expertise. »[ii]
Le coaching
Le mot coaching n’est pas réservé aux coachs professionnels. Dès qu’il y a une personne qui aide une autre à apprendre où à s’entraîner, le mot coaching peut apparaitre dans le langage. En plus, puisqu’il est utile au marketing et populaire, il est presque utilisé à outrance.
Par contre, il n’est pas exact de penser que le « coaching professionnel » est centré principalement sur le développement de compétences ou le savoir-faire. Bien qu’inclusif du développement des compétences, le coaching vise maximiser le potentiel, ce qui est plus large. En effet, le coaching est défini en ces termes dans le code d’éthique de l’International Coaching Federation (ICF) :
« Création d’un partenariat avec des Clients pour les inspirer à maximiser leurs potentiels personnel et professionnel en utilisant un processus créatif de réflexion. »[iii]
Par ailleurs, dans l’esprit de son code d’éthique, le coach professionnel évite de créer une « dépendance » entre lui et son coaché. Une bonne pratique en coaching est de définir la durée du mandat de même que les responsabilités et attentes des parties. L’accompagnement mentoral ne porte pas cette exigence de finitude de la relation. Il peut même aboutir sur une longue relation d’amitié entre mentor et protégé.
Le coaching développemental particulièrement que je pratique et enseigne, favorise une compréhension plus complexe ce qui a un impact sur les résultats et le bien-être. :
« [Le coaching développemental] a pour but d’aider le coaché à développer une compréhension de plus en plus complexe du soi, des autres et des systèmes dans lesquels il est impliqué, cela afin de lui permettre de relever plus efficacement les défis actuels et futurs (Bachkirova et al., 2010, Standards Australia, 2011) » [iv]
Loin de s’opposer au mentorat, ICF reconnait sa pertinence en requérant, pour devenir coach certifié, d’être accompagné au moins 10 heures par un coach-mentor détenant une certification de coach ICF. En l’occurrence, un partage du savoir-faire et du savoir-être coach peut alors être modelé, évalué, et discuté avec le mentor-coach, ce qui facilite l’intégration.
Dans ma pratique
J’exerce souvent cette fonction de mentor auprès des coachs. Personnellement, lorsque j’adopte une posture de mentor, je transmets davantage de connaissances et de savoir-faire.
D’autre part, lorsque j’adopte une posture « coaching », je privilégie davantage la création d’un espace sollicitant la créativité et les ressources du coaché dans la résolution de son problème. De plus, une fois sa contribution sollicitée, je partage parfois avec le coaché, dans une perspective de coaching développemental et si je le juge opportun, mes connaissances et mes points de vue pour l’aider à élargir ses options.
Par ailleurs, comme professionnelle qui s’est perfectionnée par l’étude, la pratique et la recherche, j’ai développé une meilleure connaissance de l’humain dans un social, ce qui m’aide à prendre en compte les dimensions émotionnelle, intentionnelle et motivationnelle quand j’accompagne. En l’occurrence, je constate que les compétences ICF et son code d’éthique forment des balises très éclairantes pour susciter les prises de conscience, l’action et l’apprentissage. Elles prennent racine dans plusieurs disciplines dont la psychologie, le management, la sociologie et la pédagogie.
Par ailleurs, le mindset coaching, mieux défini depuis 2019 en tant que compétence par ICF, se situe dans l’ouverture, la curiosité, la sensibilité bienveillante et l’apprentissage continu du coach. Ce mindset est toujours là en toile de fond, tant quand j’agis comme coach ou comme mentor qui choisit une posture moins directive visant plus de réflexion et d’autonomisation du mentoré.
En espérant que cet article vous offre des avenues pour choisir comme organisation, coach, mentor ou dirigeant comment vivre, influencer et agir sur la culture d’apprentissage au sein de laquelle vous vivez.
Aider et être aidé fait une grande différence dans le devenir. À quel point et comment saisirez-vous l’accompagnement, quel qu’en soit la forme, comme moyen de développement pour vous et les autres? Y réfléchir, c’est commencer à y répondre.
France Asselin, MBA Management, coach PCC, mentor-coach
Fondatrice de l’école MOBIUS COACHING ET MANAGEMENT
[i] Consulté sur ce lien le 10 janvier 2021 sur ce lien : https://mentoratquebec.org/definition-mentorat/
[ii] Traduction libre de cet extrait consulté sur ce lien le 10 janvier 2021 : https://www.emccglobal.org/leadership-development/leadership-development-mentoring/
[iii] Consulté sur ce lien le 10 janvier 2021 sur ce lien : https://icfquebec.org/code-de-deontologie
[iv] Susing, I., & Cavanagh, M. J. (2013). At the Intersection of Performance: Personality and Adult Development in Coaching. International Coaching Psychology Review, 8(2), 58-69.
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